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Délices à partager

Le récit délicieux que vous allez découvrir dans ces lignes est un conte swahili choisi par Praline GAY-PARA. Praline est conteuse, nous venons tout juste de la découvrir au détour d’un ouvrage qu’elle intitule Contes curieux des quatre coins du monde choisis, traduits et racontés par Praline GAY-PARA. Praline souhaite que les contes qu’elle a pu réunir dans cet ouvrage soient partagés, lus et dits afin qu’ils perdurent. Nous exauçons pour partie son souhait en partageant aujourd’hui avec vous le délicieux conte “La chair de la langue”. Voici donc l’une de ces histoires. Nous l’avons choisie pour sa toute simple beauté de morale, l’histoire d’un roi, d’un jardinier et de leurs épouses.

La saveur des mots : des mots pour des mets

Il évoque l’un de nos tout premier besoins, celui de la nourriture qui réveille notre appétit pour être bien-portant, en bonne santé. Il nous rappelle cependant que les plats les plus exquis peuvent ne pas avoir la même saveur selon l’ambiance dans laquelle nous les recevons. Nous comprenons, au fil de la lecture de cette histoire, que les mets qui peuvent nous sustenter ne sont que les mots simples et limpides coulant chaque soir de la conversation avec un être qui nous chérit. L’être aimé restaure sa douce non pas de mets, mais de mots.

 Le goût d’un conte Swahili

Le swahili est une langue ou, pour être plus   juste, un groupe de langues parlées en Afrique de l’Est. Ces langues ont des mots communs, ce qui permet aux différents habitants de cette   région du monde de se comprendre entre eux   de manière plus ou moins aisée, certes, mais tout de même. Vous pourrez, si vous le souhaitez, vous   amuser avec une petite surprise que nous   vous réservons un peu plus loin. En effet, le   kiswahili est la langue nationale du Kenya, de l’Ouganda et du Congo Kinshasa, vous pourrez également l’entendre en Tanzanie. Qui sait si parmi vous, il ne vous viendrait pas l’idée un jour, de partir pour ces contrées. Vous pourriez émettre le souhait de vous laisser conter de douces histoires swahilies en dégustant des plats aux saveurs africaines au bord du lac Bogoria, entre deux envolées de flamants roses. Vous pourriez encore trouver un conteur, qui sait, en prenant place non loin du Kilimandjaro, vous raconteriez à vos proches l’un des plus beaux moments de votre vie.

Le conte à savourer

La chair de la langue (conte swahili) Il y avait autrefois un roi riche et puissant et une reine qui était maigre, pâle et triste. Elle n’avait aucun appétit ni pour la nourriture ni pour la vie. Le roi observait sa reine et ne savait pas comment lui redonner les rondeurs qu’elle avait eues, quelques années auparavant. Un jour, le roi regarde par la fenêtre de son palais, quand il voit passer dans son jardin une femme qui respire la santé, une femme bien ronde et bien plantée, une femme au corps généreux et au regard radieux. C’est la femme du jardinier ! Il est abasourdi. Sa femme à lui a tout ce dont elle peut rêver, tout ce qu’une femme peut souhaiter et elle est maigre comme un clou rouillé. Le jardinier, lui, n’a pas de quoi se nourrir tous les jours et il a une femme qui a des formes d’abondance… Le roi sort de chez lui et va trouver le jardinier : – Ta femme est resplendissante, la mienne est souffrante, dis-moi de quoi tu la nourris. – Moi, répond le jardinier, je nourris tous les jours ma femme avec la chair de la langue. – C’est tout ? – Oui, c’est tout ! Le roi rentre précipitamment chez lui et va trouver son cuisinier : – Tu vas me préparer un banquet avec des langues de toute sorte, assaisonnées de toutes les manières possibles. Je veux une palette de saveurs qui soit digne des palais les plus exigeants ! Le lendemain, les tables sont recouvertes de toutes sortes de plats avec des langues de bœuf, de veau, des langues de mouton, de lapin, d’alouette, de moineau et d’aigrettes. Des langues grillées,  mijotées, rôties, farcies, bouillies et puis toutes sortes de sauces avec des épices du monde entier. Le roi va chercher la reine et l’accompagne, fier de lui, jusque dans la salle à manger. Il l’invite à se servir. La malheureuse voit toutes les langues baigner dans des jus aux couleurs étranges, elle a mal au cœur. Elle regagne immédiatement sa chambre. Le roi est dépité. Il va de nouveau trouver son jardinier et lui dit : – Tu vas prendre ma femme chez toi pendant six mois et la tienne viendra vivre au palais ! Les désirs des rois sont des ordres. Dès le lendemain matin, l’échange est fait. Il en faut du temps dans la vie… dans les contes, il suffit de deux mots. Voilà six mois qui viennent de s’écouler. La reine revient au palais, resplendissante. Elle est toute ronde et elle rit à la vie. La femme du jardinier, quant à elle, a dépéri. Elle est maigre et grise, son regard est éteint et son visage ne sait plus sourire. Le roi qui ne comprend plus rien demande aux femmes de lui expliquer. – Quand mon mari rentre le soir, dit la femme du jardinier, il est de bonne humeur. Qu’il ait de quoi acheter à manger ou pas, il me raconte sa journée ; les fleurs qui ont éclos, les arbustes qui ont poussé, les fruits qui se sont épanouis, la pleine lune dans la nuit.  Quand il a fini, il joue de la musique et il chante, puis il me raconte des histoires, me récite de la poésie et les soirées avec lui prennent la saveur d’un paradis. – Oui, renchérit la reine. Il a toujours une belle histoire ou une parole douce à offrir et cela embellit la vie. Il donne le meilleur de lui-même, la chair de la langue ! Nul ne sait si le roi a vraiment compris. Certains disent que ce jour-là, les deux femmes ont choisi de vivre avec le jardinier. D’autres, plus optimistes, racontent que le roi s’est mis à raconter de beaux récits… et que sa reine a vécu le restant de ses jours très épanouie.

Un délice à faire perdurer…

Laissez-vous aller encore une fois, deux fois, trois fois. Lisez et relisez ce conte. Ce conte n’est-il pas épastrouillant ? Nous partons de ce pas à la recherche de nouvelles histoires, nous serons rapidement de retour. En attendant, partagez “La chair de la langue” avec vos proches et même moins proches, afin que cette belle histoire de vie éveille quelques douces pensées… Et encore merci à Praline pour ces moments de délices partagés. Vous pourrez la découvrir un peu plus, en parcourant la page de la Compagnie Pavé Volubile Notre petite surprise, vous vous souvenez ? La voici la voilà… Pourquoi pas quelques mots de swahili !

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error: C'est du "fait-maison" 😉